samedi, octobre 28, 2006

# Sac-apasser et ça ira mieux #


Je disais fascinant quelle que soit la mise en abyme parce que déjà, petite, "le coup de la vache qui rit" je trouvais ça complètement HA L L U C I N A N T ! Toutes ces vaches qui rigolaient de partout et encore et encore, dedans leurs oreilles, et encore et encore, je me disais que ça pouvait ne jamais s'arrêter, je me disais qu'au delà de ma vision à moi, ça se multipliait encore, je me disais que si j'étais née sous une autre forme, je les verrais jusqu'à l'infini et puis en général au moment où je pensais à ça, je tombais raide morte la face contre ma boîte de fromage tellement l'effort était grand pour voir au-delà de ma condition d'être humain.

Donc tu vois...le soir où j'ai lu "Le jour de ma mère" de Joël Schmidt je peux te dire que ça m'a causé deux mots, je peux te dire que j'ai passé la nuit à analyser le bouquin de fond en comble ET JE PEUX AUSSI te dire qu’un jour de conférence avec cet auteur, quand t’es clouée au lit, tu te sens franchement accablée par le roi des démons.

En somme, il aurait sans doute suffit que mes parents m'offrent des poupées russes à l'âge de 2 ans pour que je finisse internée à force de chercher mon image dans les pupilles des gens, ainsi que leur image dans la pupille de mon image emprisonnée par leur pupille etc, etc, etc.

Heureusement, mes ancêtres fussent intuitifs sur la santé mentale de leur progéniture et sentirent le danger, j'ai donc hérité d'une belle et tachetée girafe Sophie, ce qu'il y a de plus stimulant pour l'esprit...toutes ces tâches hein...TOUTES CES TÂCHES, bref.

Donc les jeux de miroir. Fascinants. C'est noté.

Le machiavélisme du double. Du pareil au même. Une histoire d'obsession.

Je ne vais pas raconter mes séances de dédoublement à l'âge de 7 ans mais j'en garde un souvenir presque effrayant (vous aussi ? c'est normal). Donc tu vois...le jour où j'ai lu "Princesse Brambilla" d'Hoffman, je peux te dire que ça m'a causé deux mots, je peux te dire que j'ai passé la nuit à analyser le bouquin...et auparavant Maupassant bien sûr et puis d'autres encore, parce qu'ils sont nombreux mine de rien à s'être penchés sur ce satané sujet.

En somme, il aurait sans doute suffit que mes parents aient des jumelles, l'une en bonne santé et l'autre pas, pour que le double devienne un fantôme...pour que ce fantôme devienne une quête, pour que cette quête devienne une illusion, pour que cette illusion entre haine et folie soit adorée par dessus tout.

Malheureusement, mes ancêtres fussent quelque peu maudits par le roi des démons et c'est bien dans un miroir brisé que j'ai construit mon histoire.


Il me semble qu'il y a en l'être humain cette envie de reconstruire les ruines brûlées, mais bien souvent ce qui a été détruit a été vu, à un moment donné, dans sa totalité, observé dans son unité ; entier, beau, droit, puissant et inaltérable, alors reconstruire en suivant le modèle prisonnier de notre souvenir ; alors reconstruire d'après quelque chose de sûr...J'ai souvent eu cette impression de reconstruire à partir de rien, de sentir le vent s'engouffrer dans l'idée incertaine de ce qu'aurait pu être un miroir intact.

Et puis j'ai décidé comme tout être humain peu adepte du sadomasochisme de construire et non de reconstruire. Un matin, je me suis dit qu'il fallait cesser de courir après chaque morceau épars, que ça ne me rendait pas heureuse, et que ne pas être heureux était finalement une grande preuve de débilité. Soit...ça m'a foutu un sacré coup en plein égo mais ça m'a permis de rencontrer des sensations, des êtres et des histoires nouvelles.

Cependant l'élan vers l'avant embrayé il y a bien un moment où tu regardes dans le rétro. Et c'est là que la mise en abyme refait surface, rétro avant, rétro arrière, du passé plein les miroirs, tu décales ta tête de deux centimètres et c'est toi que tu contemples, des cernes plein les yeux, quelques filets salins qui coulent, ton passé n'est pas le seul à refaire surface, il y a le sien à elle, le sien à lui, à elle aussi et puis celui-ci et celui-là, et puis eux, et puis le mien au milieu, le sien encore, le notre un jour.



Le lampion est devant.

Ce n'est pas sur lui que mon regard se pose.



Cat Power, The Greatest

jeudi, octobre 26, 2006

# Sac à rien de rien #



Putain, le compteur des heures s'affole et je sais toujours pas quoi faire de moi.

Y a des jours comme ça où je me couperais en petits morceaux, j'les enverrais valser au grès du vent tellement je me supporte nulle part.

Je frôle le verrou, j'essaie et je n'y arrive pas.

Ouvrir...sans la mécanique du quotidien, sans les automatismes, juste ouvrir pour vivre simplement, faire les choses qu'il faut faire, mais je ne parviens même pas à y trouver une bonne raison, une de celles qui me permettraient de m'engouffrer dans la brèche sans réticence et sans peur, sans fatigue et sans lascitude, avec envie même.

J'en aurais presque une, envie, la fuite en dormant.

J'ai les cheveux aussi emmêlés que mes pensées, à force de tourner en rond, elles ont réussi à faire de tels noeuds que si je voulais je pourrais m'en servir pour fuguer par la fenêtre.

Encore faudrait-il que je sois téméraire...je tente un dernier essai par la porte d'entrée si ça marche je paye mes frites...


The National, Slipping husband

# Sac à rien 2 #


Non mais tu vois ce serait un peu comme une main qui s'agripperait et porterait à bout de doigts les corps fatigués vers l'ultime ascension.
Un peu comme si à l'aurore de nos espoirs il fallait refuser le repli sur soi, parce qu'attendre la neige au mois d'octobre c'est d'une naïveté impardonnable, finalement, non ?

Et c'est là que mon ami dans ma tête m'a répondu : alors voilà, on va jouer à un truc super cool, quand tu dis des conneries que personne ne comprend voilà comment va devenir ta bouche ok ?

C'est rigolo hein ? allez on commence tout de suite. A toi : Ah non c'est con t'as déjà perdu, bouh pauvrette!!



"mmmmmmmmmmmmmmmhmmmhmmmm"

Depeche Mode, Enjoy the silence

mercredi, octobre 25, 2006

# Sac à rien #

Des gouttes de pluie plongeant sur le bitume comme ce sentiment face au futur.




J'ai cette impression de le surplomber comme savoir déjà.

Et pourtant il y a cette dose suffisante de doute...positif, négatif.

Et pourtant il y a ce passé qui ne sait pas se faire oublier, ne serait-ce que par délicatesse, pour soi, pour l'autre aussi parfois, qu'il ne fasse pas mal, qu'il reste discret, à la place qu'on a décidé de lui accorder. Mais cette place...y a-t-on vraiment réfléchi ? S'il ressurgit peut-être est-ce parce qu'il ne sait pas où se blottir, peut-être est-ce parce qu'on le confond encore volontairement ou non avec le présent, je crois, je ne sais pas, je crois, seulement. Mais peut-être est-ce nécessaire de déterminer sa place à un moment donné, se poser, se retourner et choisir.

Et pourtant il y a ce présent qui pourrait être davantage simple et harmonieux.

Je constate néanmoins que le lampion n'est pas hors cadre, alors...pourquoi pas.

Herman Dune & Julie Doiron, Have you seen the moon